REFLEXIONS D'ARTISANE

Confession d’artisane ou les divagations d’un jour de pluie.

Quand je fais un effort pour cesser de vivre en moi-même (où je me sens pourtant plutôt bien) et pour m’ouvrir davantage au monde – vivre avec mon temps ; j’ai toujours, fatalement, ce recul sauvage. Ce claquement violent de l’élastique trop tendu. Je pense que beaucoup de personnes sont tournées comme ça… C’est un mal du siècle.
Souvent, ce monde du dehors (celui de l’homme j’entends) m’apporte joies et inspirations. J’aime le rencontrer sur les marchés ; j’aime découvrir sur les réseaux ce qui le passionne et ce qui l’inspire – ce qu’il créé. Mais trop souvent, aussi, je me trouve confrontée à ce qu’il n’arrive pas à la hauteur de l’image que j’ai de lui, dans mon monde à moi. Et dans ces cas-là, et bah j’ai plus envie de lui parler.
Z’avouerez que c’est problématique pour quelqu’un dont le succès financier dépend au 3 quarts de sa communication sur internet…
1 mois sans mise à jour de mon feed Instagram (qui est mon canal de diffusion le plus personnel), et je ne parle même pas de la newsletter… C’est… TERRIBLE (insérez ici un air faussement choqué). Plus sérieusement, la constance sur les réseaux c’est beaucoup de travail, et c’est crucial quand on a une boutique en ligne. Mais voilà, il y a que je boude, là.
Vous savez que j’ai même frôlé un ras-le-bol du… bijou. Oui, il devenait urgent que je retourne faire mon truc dans mon coin. Et alors que je travaille sur l’élaboration du Jour des bois 2018 (qui est le truc le plus personnel et le plus significatif que j’ai fait avec mon entreprise), je retourne en moi-même. C’est cyclique. Un truc, somme toute, assez hivernal.

Mais il y a cette nana que j’aime bien, Marie du blog de La Lune Mauve – je vous ai déjà parlé d’elle, il me semble. Elle fait ce truc chaque fois qu’elle publie un article sur son blog : elle me donne envie de vous parler. De moi, du taf, de ce que j’aime, de tout. En ce moment ça me va très bien de délaisser les réseaux pour rester dans mon coin, près de mon bois à observer les oiseaux, à réfléchir au plan de mon futur jardin, au look du nouveau stand, et à la prochaine collection…
En lisant Marie, pourtant, je me suis dit : hey, et si tu leur parlais comme avant ? Sur le blog. Dans cet espace qui n’est qu’à toi, qui n’es que toi. Vous la remercierez (ou pas).

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Partie de la spiritualité que j’observe consiste à conserver au mieux une attitude positive pour moi, déjà, et à laisser aux gens la place d’être eux-mêmes. Même si ce qu’ils sont à un moment T me saoule. Ça s’appelle la bienveillance. Bon. Ça n’marche pas toujours. Parfois, je dois lutter contre mon caractère sauvage et intransigeant. Et parfois j’ai la vilaine tendance à ériger mes valeurs non pas en drapeau mais en bouclier, voire…en épée. Je me soigne, fort heureusement, plutôt bien – même si ce qui va suivre peut s’apparenter à un gros pfff
Je vous livre tout ça en vrac, comme des sujets de dissertation, des auto-questionnements…

Effets pervers du web n°1, les réseaux sociaux

Tout le monde voit tout le monde. Rien de nouveau sous le soleil de notre ère numérique. Tout le monde inspire tout le monde. Hélas, tout le monde ne sait pas digérer une source d’inspiration avant de la recracher. Sont-ils voleurs, pilleurs ? Ou suis-je trop sensible ? S’en rendent-ils compte ?
Et, est-ce plus acceptable quand ils ont plus d’ancienneté? Quand ils le font avec sourire et moult compliments?
Quand perpétuellement renouveler sa créativité ne suffit plus à faire taire l’agacement…
Début de solution : en montrer moins. Mais est-ce juste pour les autres ? Et bon pour le commerce ?

Effet pervers du web n°2 : la mode, bien ou pas ?

Ma spiritualité est à la mode. J’en vois partout jusqu’à la nausée des « sorcières ». Si bien que j’en viens, par esprit de contradiction, à fuir ce qui appelle mon âme depuis plus d’une décennie.
Début de solution : fuir le web. Mais, crotte, mon travail EST sur le web.
La sorcière (ou être païen). Tentative de définition moderne pour instagrameur : ce n’est pas un style (pas que), ce n’est pas une décoration d’intérieur (mais, oui, les cristaux et les tarots c’est beau), ce n’est pas une montreuse d’ours, ni un professeur : c’est être élève du monde et de la nature, en constante quête de connaissance et d’amélioration de soi.
Alors… si la moitié des gens qui rejoignent ce courant s’en trouvent plus riches, plus apaisés, et bienveillants envers l’environnement (et autrui – mais bon mon p’tit cœur pense à la planète d’abord, sorry… not sorry) alors cette mode a peut-être du bon et je peux arrêter de grommeler dans mon coin.

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La quête du sens

C’est un sujet important pour moi, surtout en ce moment que je travaille sur le « Jour des bois » : le sens. Lorsque je donne un nom à un bijou ; lorsque l’idée de son concept se dessine dans ma tête, je prends toujours un temps, plus ou moins considérable, pour m’assurer que je dis quelque chose, et que je ne dis pas de bêtise. Chaque collection a une raison d’être ce qu’elle est. Elle est une démarche esthétique, oui, mais aussi sémantique. Est-ce mon passé d’historienne de l’art, ou de folkoriste ? Quand je vous parle de nature à travers un bijou, d’une créature du folkore, d’alchimie ou de sorcellerie, c’est en connaissant un minimum mon sujet. Et mon support me semble parfois si restreint pour dire ces choses. Tout autant qu’il l’est pour raconter mes histoires. Une évocation fugace tout au plus.
J’aimerais que vous sachiez ce qu’il y a derrière, et que ça fait partie pour moi du processus d’élaboration, et de ce qui me plait dans l’artisanat que je veux proposer. Alors, quand je dois fabriquer « à la chaine » pour un marché, ça peut parfois se solder (comme en ce moment) par un léger dégoût de la chose…
Questions : est-ce que je pisse dans un violon ? Ou est-ce que ce genre de démarche vous parle ? Cela se voit-il ? N’ai-je pas meilleur compte, pour la santé de mon entreprise, à employer ce temps pour faire plus, même si c’est davantage vide de sens ? Et que ce passe-t-il quand on a plus rien à dire ? (retour à l’effet pervers du web n°1) – je vous rassure ça n’est pas encore mon cas.

Conclusion de ces divagations : pourquoi quitter le calme des bois si c’est pour se prendre la tête à propos d’internet ? Les arbres ont toujours raison quand ils me disent à quel point tout ceci n’a pas d’importance. Mais bon, aujourd’hui, il pleut.

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Photographies(c)Lorliaswood

8 commentaires

  • Enimo Regdrahcir

    Malgré mon émerveillement devant chaque nouvelle création, je dois avouer que ces notes de blog m’avaient manqué. Les réseaux sociaux c’est effectivement très pratique mais aussi assez impersonnel…
    Toute considération commerciale et professionnelle mise de côté, j’aime énormément cette recherche de sens autour de vos bijoux, et souvent je me dis que j’aimerais en savoir plus sur l’histoire de telle ou telle pièce. Mais ce qui compte avant tout c’est que c’est important pour vous. Alors n’hésitez pas à prendre le temps d’en parler, il y aura toujours des gens qui prendront plaisir à lire ces articles =)

  • Nainië

    Comme je te comprends…
    Les réseaux sociaux sont difficiles à gérer ou à encaisser pour bien des raisons.
    Et franchement, il y en a certains que j’ai clairement abandonné (dont Facebook, niveau page, c’était juste déprimant et contre productif vu le peu de personnes qui voyaient les publications). L’Internet de maintenant est très superficiel et énergivore, ce n’est pas forcément là qu’on a envie de donner du temps…
    Mais mise à part cela, ne peux-tu pas déléguer à quelqu’un une partie de ta communication ? Après je comprends que ça soit difficile, entre le fait de trouver la bonne personne de confiance et qui restera dans ta ligne « éditoriale ».
    Bisous

    • Anne

      Déléguer… encore un truc que mon caractère exigeant ne sait pas faire (enfin, si mais… je pense que ce serait invivable pour la personne lol ) Mais j’y ai pensé. Par contre, l’aspect communication est tellement prenant qu’il est hors de question que ça se fasse sans rémunération. Et pour le moment, je n’en ai pas les moyens. Après, la façon dont je communique fait aussi partie de l’image de Lorliaswood. C’est très personnel tout ça. Je crois que pour le moment, il faudra faire avec mes bouderies passagères lol
      Bisous à toi, Cécile :)

      • Nainië

        Je te comprends tellement, quand on est perfectionniste, c’est dur de déléguer ou même d’être parfois simplement aidé ! Et comme tu le dis toi-même, c’est très personnel ! C’est toi la dame de Lorliaswood et la seule qui sait vraiment ce qu’elle a envie de transmettre :) Et franchement, tes colliers, quand je les porte, non seulement, il attire toujours l’attention et en plus, je me sens bien avec eux, c’est un peu de magie que j’emporte avec moi, des souvenirs heureux aussi, en somme, des petits talismans <3

        • Anne

          <3
          Merci Cécile, ça fait du bien ce genre de retour ;)
          Ça me fait toujours plaisir quand on vient me dire que mes bijoux sont magiques ou comme des portes-bonheur .. Je cherche à m'exprimer à travers eux, certes, mais aussi à donner de la joie à leur porteur :)

  • kReEsTaL

    J’avais lu une première fois ce billet à publication, mais n’ayant pas le moment d’y répondre tout de suite, je l’ai laissé dans un coin pour y revenir plus tard. Plus tard, c’est donc aujourd’hui.

    Alors, déjà, cela me fait infiniment plaisir de savoir que ce que je publie te donne envie de publier à ton tour et de revenir à quelque chose de plus personnel et de spontané !

    Je ne connais que trop bien cette période de transition, ce passage de l’obscurité à la lumière, et tout ce que cela implique : d’un côté, avoir du succès, c’est bien (surtout quand, comme toi, il y a une entreprise à faire tourner derrière) ; de l’autre, cela s’accompagne de tout un tas d’effets secondaires plus ou moins relous, parmi lesquels le vol d’idées, d’images et de noms ; une sorte de « pression » qui s’installe sur nos épaules et s’alourdit à chaque fois qu’une nouvelle personne s’abonne à nos profils ; et plus globalement un détachement entre soi-même et « ce que l’on crée » au sens large (cela inclut toute forme d’expression, y compris le blog).

    Je ne connais que trop bien tout ça, donc, et le seul conseil que je peux te donner, c’est de t’accrocher, et accepter ces hauts et ces bas comme partie intégrante de la vie. L’essentiel est de toujours soigner ton univers intérieur ; ce n’est pas parce que tu ne mets pas à jour ton blog ou ton Instagram pendant plusieurs semaines que ton univers intérieur va faner. Au contraire ?

    Ce qui est difficile, c’est de résister aux influences (pas toujours bénéfiques) de ce que font les autres. Finalement, quand je vois que tous les blogs personnels que j’adorais ferment un à un leurs portes et disparaissent, je me dis que je suis un peu tarée de continuer à investir autant de temps dans ma petite planète. Mais peut-être que c’est précisément parce que presque plus personne ne croit au pouvoir des blogs que j’ai envie de m’y réinvestir. Peut-être que la désaffection des blogs personnels au profit de profils Instagram parfaits, qui finissent pas tous se ressembler, est une raison suffisante de continuer à proposer une alternative.

    Car il y aura toujours des personnes différentes, que le mimétisme et la norme ne satisferont jamais. Des personnes curieuses, dont l’imagination a besoin d’univers, de textes, d’images et d’amulettes qui sortent de l’ordinaire.

    Et les histoires sont importantes. Le sens est même plus important que jamais, à notre époque.

    Pour le vol de tes modèles, connais-tu l’enveloppe Soleau ? À un moment, quand le pillage prend des proportions, il faut faire intervenir le droit.

    Bref, ce paquet de pensées désordonnées pour te dire « je comprends », et aussi « n’abandonne pas » !

    • Anne

      Merci infiniment pour ton message, Marie! <3 (je débarque lol)
      Je ne connaissais pas l'enveloppe Soleau (mais je note!). Je pensais juste que s'envoyer en courrier recommandé son travail, par exemple dans le cas d'un texte, suffisait à prouver sa paternité.
      Je crois comme toi infiniment au pouvoir des blogs! Surtout maintenant que les réseaux sociaux deviennent si aléatoires et que tous mes abonnés ne reçoivent pas mes notifications. Les anglophones, par exemple, ont une conception du blog très différente de la notre, et de l'aide qu'il peut apporter à une entreprise (mais ils sont très en avance sur nous dans leur appréciation de l’entrepreneuriat de toute façon).
      Après... c'est beaucoup de travail tout ça! Tellement de choses que j'aimerais avoir le temps de faire :-D
      Bisous! <3

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